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"le tel quel comme œuvre naturelle"


dominique chalureau
Merci aux artistes, aventuriers et autres trublions qui, par leurs talents, distillent tous les jours dans mes veines une désespérance joyeuse


Merci à mes proches, bienveillants du quotidien qui, jours et nuits, éclairent mes chemins noirs.

Merci à mes ancêtres et à mes enfants.
Il y a dans ce travail un soin apporté par le format, une composition silencieuse qui rassure le spectateur, alors que le thème ou le propos reste toujours relativement sibyllin.
À ce principe doux et autoritaire, silencieux et bruyant, s’ajoute des variations de mise au point très fortes, ce qui donne à l’ensemble l’effet paradoxal d’une vision déficiente.

Pour autant, il y a une sensibilité plastique qui repère le prélèvement à opérer, celui qui donne une place au presque rien, au déchet, à la chose abandonnée. Car le tel quel, comme œuvre naturelle, agit dans ce travail.
Il s’agit de récupérations visuelles, de repères collectionnés, d’une accumulation à la manière des collectionneurs toujours insatisfaits de la dernière prise, toujours en quête de la prochaine.

Aussi, la force de ce travail tient par le choix du sujet prélevé, par le juste nombre dans la séquence organisée, par la succession dans la séquence : de la première à la dernière image. Ce protocole impose une très grande rigueur dans l’ordre et la nature des objets qui composent une suite de signes, une phrase visuelle.

En ce sens, la répétition systématique de signes va avec l’idée de la rythmique du pas qui fait avancer.
Il faut donc pour avancer au sens photographique, travailler en conscience sur le parcours qui se dessine au fur et à mesure de nos pas : la question de la trace, du passage, de l'instant est la question que l’on vise dès lors.

Voilà une quête tout autant photographique que philosophique.

— Guy Meyer —
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Chargé de cours à l’atelier de Didactique visuelle de la Haute école des arts du Rhin de 2007 à 2010.